Naima Fatah : formée en économie, puis en soins infirmiers

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Plus que jamais, la reconnaissance des professionnels de la santé formés à l’étranger est un sujet d’actualité. Sachant que nous avons à Montfort des trésors cachés, le Comité contre le racisme et pour l’équité, la diversité et l’inclusion (CRÉDI) souhaite mettre en lumière des collègues formés à l’étranger, tels que Naima Fatah.

Parlez-nous de votre parcours académique et professionnel avant d’arriver au Canada

Ma formation initiale était en économie. Une fois que j’ai terminé mon baccalauréat, j’ai décidé de me joindre à l’Institut Supérieur des Professionnels de la Santé, spécialisation soins infirmiers, après avoir réussi le concours d’entrée. Ce choix était justifié par ma passion pour le domaine de la santé depuis mon jeune âge. Cette passion m’a sans doute été transférée par plusieurs membres de ma famille qui ont fait carrière dans différentes spécialisations dans ce domaine.

Aussitôt que j’ai terminé mes études en sciences infirmières, j’ai pu obtenir mon premier emploi en tant qu’éducatrice dans le cadre d’un projet mené par une ONG américaine intervenant au Maroc. Cette ONG opère dans la région rurale. Elle se spécialise dans tout ce qui est l’eau, l’hygiène et l’assainissement. Le but est d’assurer et d’augmenter, d’une part, l’accès durable de la population cible à une eau potable ; d’autre part, ce projet permet de promouvoir la santé, l’hygiène et l’assainissement en milieu rural. Ce qui va aider à réduire le taux de maladies, d’hospitalisations et de mortalité relié à ces trois composantes.  

Dans mon rôle d’éducatrice, je devais m’occuper du volet de la formation et information des usagers qui bénéficient des services du projet en question. À cet effet, je devais effectuer des sorties sur le terrain dans un premier temps. Le but était d’identifier les différentes problématiques de santé existantes ; puis, analyser ces données afin de préparer le matériel éducatif approprié. Par la suite, je devais planifier et organiser des séances de formations adaptées à l’ensemble de la population visée par le projet, d’une part, et d’autre part pour les champions qui devaient prendre la relève pour effectuer des suivis réguliers en vue d’assurer le maintien et la pérennité des activités visées par le projet.

Cette expérience était enrichissante. Elle m’a permis de développer différentes compétences dont la recherche, le traitement et l’analyse des données collectées, l’élaboration d’un plan d’intervention, la planification, l’organisation et la gestion de temps en fonction des échéanciers prédéterminés, l’autonomie, la gestion de stress et des imprévus ainsi que la prise de décision, et le développement de mes capacités de communication et d’interactions avec différents intervenants (professionnel de la santé, intervenants sociaux, ingénieurs, autorités locales, populations, etc.).

Malgré que ceci fut une excellente expérience, je devais quitter ce poste pour des raisons personnelles (recherche de stabilité prenant en considération les déplacements réguliers qu’exigeait ce poste). Ainsi, j’ai accepté une position en tant qu’infirmière diplômée d’État (IDE) à la fonction publique, mais opérant en soins aigus (pédiatrie). Ce changement n’était pas facile au début, puisqu’il a fallu tout apprendre sachant que je devais prendre en charge une clientèle pédiatrique incluant les nouveau-nés et les bébés prématurés. Ainsi, mes premiers défis étaient plus d’ordre technique (pose des épicrâniennes pour administrer les médicaments intraveineux, réussir à faire des prises de sang, insérer les tubes naso-gastrique, etc.). Ce fut également une expérience réussie et que j’ai beaucoup aimée. Elle m’a permis d’acquérir des connaissances théoriques et pratiques sur le plan professionnel ainsi que personnel, sachant qu’en cette période, j’ai eu mon premier bébé.

Après quelques années, j’étais une fois de plus obligée de changer ma position pour des raisons familiales (déplacement de mon conjoint) pour travailler au centre de transfusion / laboratoire / banque du sang. Cette nouvelle expérience était un autre défi. En effet, mes responsabilités se résumaient en l’évaluation des patients, le prélèvement et la surveillance du donneur, la préparation et le stockage des pochettes de sang, les analyses, le typage et dépistage, la préparation et la livraison de produits sanguins. 

Mon expérience de travailler à l’étranger s’est terminée par mon immigration au Canada. À mon arrivée, une nouvelle expérience et de nouveaux défis étaient au rendez-vous.

Comment trouvez-vous que ce parcours vous a outillé pour votre poste actuel à Montfort ?

Avant tout, j’aimerais dire que mon expérience aujourd’hui ne vient pas seulement de tous mes apprentissages de chez moi. En effet, j’ai aussi acquis une expérience assez enrichissante depuis mon arrivée au Canada, en commençant par ma formation à Montréal qui m’a permis d’obtenir mes équivalences en tant qu’IA au Québec et ainsi obtenir mon permis d’exercer de l’OIIQ ensuite, de l’OIIO.

Autre que ces équivalences, mes apprentissages continuent au niveau professionnel, soit durant mon exercice en tant qu’IA (à l’Hôpital général juif à Montréal, puis à Montfort aujourd’hui), et académique en poursuivant mes études universitaires de premiers et deuxièmes cycles.

Maintenant, si je reprends la question quant à ma position d’aujourd’hui à Montfort et mes apprentissages antérieurs, je dirai que je fêterai bientôt mes cinq ans depuis que j’occupe le poste d’éducatrice clinique. Si je fais un recul pour vérifier en quoi mon parcours antérieur a contribué à ma pratique dans le cadre de mon poste actuel, je répondrais qu’il m’a outillé avec les éléments suivants :

  • Analyser les problématiques rencontrées pour identifier les besoins spécifiques en matière de formation, et de rehaussement si requis  
  • Effectuer la recherche selon les besoins pour avoir l’information nécessaire quant aux sujets et besoins qu’on veut développer ou améliorer
  • Identifier les différentes ressources disponibles pour consultation et conseils en fonction des besoins
  • Préparer, développer, ajuster, mettre à jour les outils nécessaires pour faciliter les apprentissages
  • Coordonner et offrir des formations et/ou des rencontres
  • Accompagner et supporter l’équipe lors de changements
  • Identifier les champions cliniques pour faciliter la transition et supporter l’équipe  
  • Effectuer des audits et des rencontres de suivis pour évaluer les résultats, et faire le réajustement selon le besoin
  • Avoir une ouverture d’esprit face aux changements, et surtout, être prête à relever de nouveaux défis

J’aimerais remercier le Journal Montfort pour l’occasion qu’il me donne de partager mon expérience. Certainement qu’on a beaucoup d’employés qui arrivent de partout à Montfort. Le partage de cette expérience est témoin qu’on peut se forger des opportunités d’avancement de carrière. Ainsi, je peux crier fort et dire : « Joignez-vous à notre belle et grande équipe ! »