Il n’y a aucun doute que l’année 2020 fut remplie de nouveautés, de défis et d’ajustements. Toutefois, pour plusieurs membres de l’équipe Montfort, cette année fut également parsemée de moments marquants dans le cadre de leur travail. Voyons ce qu’ils ont à nous raconter.
Marc-André Sabourin
J’en ai deux moments marquants cette année. Le 3 juillet 2020 était une journée très spéciale : la première journée que j’ai mis les pieds à l’intérieur du Carrefour santé d’Orléans (CSO).
C’était excitant et impressionnant puisque j’avais participé à la planification en 2017. J’ai encore le bout de papier sur lequel j’avais suggéré que l’entrée et l’aire d’attente du CSO soit aménagée sur le long pour donner un effet de « marché » et ensuite l’équipe de planification avait voté!
Alors, quand j’ai fait ma visite du CSO cet été, c’était un genre de déjà vu, comme si j’avais passé trop de temps à visualiser les plans et que je me retrouvais facilement.
Dans un temps avec beaucoup d’incertitude, de stress et d’échéanciers serrés, l’équipe de gestion se donnait des défis de s’envoyer une photo chaque fin de semaine qui démontrait qu’on avait fait une activité de bien-être pour nous-même (ex : aller prendre une marche, manger un bon souper, ou faire du jardinage). Nous ne nous connaissions pas beaucoup, mais collectivement nous avons veillé au bien-être de nos collègues et c’était un excellent exemple de la valeur d’entraide.
Mon deuxième moment marquant de 2020 a été la responsabilité partagée d’ouvrir rapidement la clinique de soins et de dépistage COVID-19 sur le chemin Heron. C’était un gros rush avec des collègues que je ne connaissais pas beaucoup. J’avais déjà eu le privilège de travailler avec Carolyn Welch, mais je ne connaissais pas beaucoup Stéphanie Laplante, Hélène Brunette, Dre Chantal D’Aoust-Bernard et Dre Mélanie Meehan.
J’ai été très impressionné par la rapidité à laquelle nous avons su développer des liens de confiance, se diviser les tâches et par notre super niveau de productivité!
Ursula Dika
L’année 2020 a été marquée par la création d’un Comité contre le racisme et pour la diversité, l’équité et l’inclusion à Montfort, dont je suis fière d’être membre. Le 25 mai, le décès de Georges Floyd, un Afro-Américain de 46 ans mort asphyxié par un policier blanc lors d’une interpellation, relance le mouvement ‘Black Lives Matter’ (La vie des noirs compte), mouvement militant contre les violences policières envers les personnes racisées et contre le racisme systémique.
Des manifestations de protestation contre le racisme se multiplient à travers le monde, des organisations de tous genres (universités, entreprises, partis politiques, etc…) prennent position, et Montfort n’est pas en reste.
Notre président-directeur général, Dr Bernard Leduc, envoie un message d’appui à la communauté noire de Montfort, le 5 juin et une première séance de collaboration sur la lutte contre le racisme contre les membres des communautés noires est organisée le 15 juillet. Depuis lors, un groupe d’employés de Montfort se rencontre une fois par mois pour trouver ensemble des solutions en matière de lutte contre le racisme tout en favorisant la diversité, l’équité et l’inclusion au sein de notre hôpital.
Linda Lessard
Mon moment marquant de l’année fait référence à la pandémie, difficile de passer à côté, mais souligne principalement de l’engagement de deux personnes exceptionnelles, qui au fil des années sont devenues des amis.
J’ai eu le plaisir d’observer le retour temporaire du duo du tonnerre qu’est Rémi Dumais et Marie-France Cuerrier lors du redéploiement vers les soins de longue durée en avril dernier. Tous les deux se sont portés volontaires, sans hésitation, pour aider les autres, sans crainte ni préjugés. Au-delà des tâches à accomplir dans de courts délais – et sachez qu’ils en ont fait des heures d’extra, incluant les week-end, sans qu’on leur demande – c’est leur complicité qui est marquante. Voyez comment leurs yeux sont souriants! Ça veut tout dire… ils se sont retrouvés à collaborer étroitement, comme dans le bon vieux temps, lorsqu’ils étaient avec l’équipe des services thérapeutiques. Plus de 20 ans à apprendre à se connaître, à se faire confiance, à avoir du plaisir, tout en focussant sur le mieux-être du patient et de ses proches et ce, tout naturellement, deux personnes extraordinaires pour qui les valeurs Montfort se vivent au quotidien. C’est beau à voir.
Dre Lauren Reid
Au début avril, je craignais d’être appelée à prendre en charge des patients hospitalisés avec la COVID-19. Pour vous mettre en contexte, j’ai obtenu mon diplôme de médecine il y a dix ans et j’exerce depuis en tant que spécialiste en physiatrie. Pour m’aider à me préparer à affronter cette pandémie et pouvoir éventuellement offrir mon soutien à mes collègues et nos patients, j’ai écrit une note sur un tableau de communication des médecin de Montfort pour demander des suggestions de ressources à revoir. À mon grand bonheur, j’ai reçu plusieurs réponses de mes collègues qui se sont proposés pour me soutenir par téléphone ou en personne, si j’en avais besoin. Grâce à eux, je me suis sentie beaucoup moins anxieuse en sachant que j’avais du soutien – ils ne m’ont pas donné ce que je demandais, mais ils m’ont donné ce dont j’avais besoin! J’en suis reconnaissante à ce jour.
Rémi Dumais
Malgré la pandémie mondiale, j’ai vécu pleins de beaux moments en 2020. L’un de ceux qui m’a marqué le plus est quand je me suis rendu au CSLD Montfort pour aller déménager des patients dans une aile dédiée pour les patients ayant reçu un résultat positifs de la COVID-19. J’ai appelé des collègues et on s’est rendu en gang pour aider. Parmi ceux qui ont répondus à l’appel, il y avait Carolyn Welch, Marie-France Cuerrier, Maxime Rabouin et des infirmières de l’équipe ÉPI. C’était un gros travail d’équipe rempli de compassion pour ces patients qui vivaient un changement important et stressant dans leur vie.
Judith Makana
À peine un mois après l’annonce officielle de la pandémie soit le 17 avril, j’ai déboulé 2-3 marches dans les escaliers de l’hôpital et me suis ramassée avec une belle entorse de la cheville gauche… eh, oui! Vous avez bien compris, 2-3 marches seulement… un vendredi vers la fin du quart de travail. Allez-y comprendre!
En fait, avec tous les changements imposés par la pandémie, ma routine avait également changé (comme pour tout le monde, d’ailleurs) : plus de déplacements en auto qu’en autobus, moins mobile, peut-être.
Certes, avec cette entorse, la mobilité devenait plus difficile. Ainsi commençait le périple vers la gestion de la douleur rendant prioritaire le télétravail. En bonne infirmière, la compensation de la restriction physique que m’imposait mon pied a cédé la place à l’hyperactivité mentale : je commençais à faire des liens entre ce que je vivais et différentes notions théoriques. Cette expérience m’a permis de cultiver et développer mes savoirs sur les notions de fragilité (surtout chez la personne âgée) et de la multimorbidité.
Avant cet accident, je n’avais ni comorbidités ni conditions prédisposant à la fragilité mais il m’était difficile de remonter la pente au rythme que je voulais à cause, entre autre, du contexte pandémique et confinement qui demandait déjà beaucoup sur le moral de tous : j’étais frustrée si je ne pouvais pas monter ou descendre les escaliers chez nous plus rapidement, j’étais en colère si ma famille proposait de m’aider avec une tâche quelconque, je venais donner des formations avec mes béquilles… bref, j’avais hâte de retrouver mon état normal. Et cela m’était possible grâce aux réserves internes qui m’ont permis de rétablir l’équilibre (homéostasie). Sept mois plus tard, les séquelles de la douleur existent encore sporadiquement. Cette expérience m’a outillée pour mieux comprendre nos personnes âgées qui sont fragilisées par différentes comorbidités et qui sont dépouillées des ressources internes pour faire face à un agent stresseur, même minime comme une infection ou autre; il s’ensuit donc rapidement un déconditionnement tant physique que psychologique. Pour moi, il ne s’agit plus de lecture dans les livres ou d’essayer de me mettre dans les souliers de mes patients : je l’ai vécu et je l’ai compris (savoir infirmier personnel) et ceci améliore mon art de prodiguer les soins à mes patients (savoir infirmier esthétique).
J’ai pu tirer deux leçons apprises de cet événement qui a marqué mon année :
- En tant que cliniciens, nous devons, chacun dans sa pratique courante, être plus à l’affût des notions de fragilité et de la multimorbidité surtout chez nos personnes âgées;
- Un clin d’œil à mes collègues infirmières nouvellement graduées et à nos étudiants : les savoirs infirmiers appris à l’école peuvent paraître abstraits, mais c’est à nous d’en soutirer bon usage dans notre pratique quotidienne.
Dre Lyne Pitre
D’un aspect un peu plus personnel à ma carrière, j’ai eu la chance de vivre des moments très heureux en 2020. En mars 2020, j’ai eu l’honneur de recevoir l’Ordre de l’Ontario pour l’enseignement fait auprès des résidents à Montfort et la promotion des soins de santé en français. C’est un prix dont je suis particulièrement fière!
Pour en savoir plus sur ce prix, lisez l’article publié en mars par #ONfr.
Peu importe ce qui vous a marqué cette année, nous avons pu ressentir un esprit d’entraide qui allait au-delà de toutes attentes au sein des murs de Montfort et dans la communauté. Malgré les temps difficiles, en y pensant bien, on peut certainement noter quelques moments qui ont égayé notre année. Croisons maintenant les doigts pour une année 2021 beaucoup plus ensoleillée, mais avec tout autant de complicité!