Un petit bébé, un grand deuil

1486

Infirmière de formation, France Morin est gestionnaire clinique au Centre familial de naissance à Montfort depuis deux ans. France a participé, en tant qu’auteure principale, à la rédaction et à la révision d’une chapitre intitulé « Perte et deuil » pour le document Les soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective familiale : lignes directrices nationales qui a récemment été publié par l’Agence de la santé publique du Canada.

Ce chapitre au sujet de la perte et du deuil lié au décès périnatal vise à aider les professionnels de la santé à mieux accompagner les familles pendant cette période difficile.

Femme qui sourit devant un mur vert
France Morin, gestionnaire clinique au Centre familial de naissance

C’est à cause de son expertise en deuil périnatal que France a été approchée pour participer à la rédaction de cet ouvrage.

« J’ai un intérêt particulier pour le deuil périnatal puisque c’était le sujet sur lequel je me suis penché lors de mes études à la maîtrise », explique France. « Pour mon devis d’intervention, j’ai élaboré une session de formation sur le deuil périnatal à l’intention des professionnels de la santé. Mon projet pilote afin d’évaluer la session de formation a eu lieu avec le personnel infirmier du Centre familial de naissance. Depuis 2013, cette session de formation est régulièrement offerte par le Programme régional des soins à la mère et au nouveau-né de Champlain (CMNRP), où j’ai occupé le rôle de consultante périnatale pendant 10 ans. »

Un nombre important de familles canadiennes vivent un décès périnatal chaque année. Le soutien aux familles qui vivent un décès périnatal et le deuil qui l’accompagne font partie intégrante des soins de maternité et de néonatalité axés sur la famille. Le décès périnatal comprend l’infertilité pendant la période précédant la conception, la mort du fœtus pendant la grossesse (fausse couche, grossesse extra-utérine, avortement provoqué et mortinaissance) et la mort du nourrisson au cours de la première année de vie (mort néonatale ou post-néonatale). Le type de perte ne permet pas de prédire ou de dicter l’expérience de la perte d’une famille.

Ayant travaillé au chevet pendant plusieurs années, France connait le manque de ressources et de formations pour outiller les professionnels de la santé à mieux accompagner les familles qui vivent un décès périnatal.

« Quand je travaillais à l’unité des naissances au campus Général de L’Hôpital d’Ottawa, on prenait souvent en charge des familles affligées par une perte périnatale (par exemple, avortement spontané, mortinaissance, interruption médicale de grossesse, mort néonatale) puisqu’il y avait beaucoup de cas de grossesse à risque élevé. Je me suis rapidement rendue compte que, en tant que professionnels de la santé, on n’était pas bien outillé dans notre formation universitaire ou professionnelle à faire face à ces situations difficiles. Il est reconnu que les intervenants ont besoin de formation pour éviter les états de traumatisme et d’épuisement professionnel. Donc, c’est pourquoi j’ai choisi d’élaborer une session de formation sur le deuil périnatal pour mon devis d’intervention. 

Ce document donnera des pistes aux professionnels de la santé sur comment aborder plus efficacement ces situations difficiles. Il les aidera à mieux comprendre comment l’accompagnement et la manière de répondre aux parents durant cette période difficile peuvent faciliter le deuil. Les parents apprécient grandement lorsque les intervenants prennent le temps de les écouter ou lorsqu’ils sont tout simplement présents auprès d’eux. Ces pertes ont un impact sur tous les membres de la famille et le bébé fera toujours partie de cette famille. »

Selon France, les trois points les plus importants à retenir sont la communication compatissante (verbale et non verbale), l’offre de soins individualisés et la création de souvenirs.

« Il faut choisir nos mots soigneusement et utiliser un langage qui reconnait l’existence du bébé. Il est utile de porter attention aux mots utilisés par les parents pour parler de leur bébé et d’employer ces mêmes termes dans les échanges avec eux. Il faut être présent et démontrer à la famille qu’on est là pour eux. Il ne faut surtout pas les éviter parce qu’on ne sait pas quoi faire ou dire. Il faut offrir des soins individualisés afin de répondre aux besoins personnels, culturels et religieux de la famille. La perte et le deuil périnataux constituent une expérience unique, propre à chaque personne. »

Voici quelques exemples de conseils inclus dans le chapitre :

Pour France, ce n’était pas sa première expérience de rédaction. Dans le passé, elle a aussi eu la chance de réviser des chapitres dans des manuels pour les cours en sciences infirmières ainsi qu’émettre des recommandations pour plusieurs lignes directrices au niveau provincial et national dans le domaine de la périnatalité.

Plusieurs étapes doivent être complétées avant qu’un projet comme celui-ci voie le jour. France a d’abord rédigé l’ébauche du chapitre en faisant la revue d’un chapitre existant, en complétant une recension de la littérature et en se basant sur son expérience en tant qu’infirmière, consultante périnatale au CMNRP et gestionnaire clinique au Centre familial de naissance. Ensuite, des professionnels de la santé provenant de différentes disciplines à travers le Canada ont revu son travail. Ensemble, ils ont discuté des commentaires de tous et se sont mis d’accord sur une version finale. À la suite de plusieurs étapes, un an et demi plus tard, elle a enfin « accouché » de son projet et est très fière du résultat.

« Participer à une publication comme celle-ci, c’est beaucoup d’heures investies à l’extérieur du travail, mais je suis heureuse que ça puisse servir à appuyer mes employés et collègues à travers le pays à offrir des soins axés sur les familles qui vivent un décès périnatal. »

Pour en apprendre davantage sur la Perte et le deuil périnatal, consultez le document complet.

Félicitations pour cette belle réalisation, France !

Gabrièle est conseillère avec l'équipe des communications à Montfort depuis 2013. Quand elle n'est pas en train d'écrire pour le Journal Montfort, vous pourrez surement la retrouver sur un terrain de volleyball, dans la cuisine avec ses filles, à une réunion de famille/d'amis ou en chemin vers sa prochaine escapade.