Les jumelles des essais cliniques de l’ISM

1067

Christine-Nadia Compas et Mélodie Potvin travaillent ensemble à l’Institut du Savoir Montfort depuis mars 2019. Toutes deux coordonnatrices de recherche clinique, elles ont su développer une relation de travail professionnelle et saine, basée sur le respect mutuel. Mais leur relation ne date pas d’hier…

Elles se sont d’abord connues alors qu’elles travaillaient au sein de l’équipe de l’Urgence de Montfort. À l’ISM, elles sont des vraies « jumelles » qui travaillent en symbiose pour faire avancer les essais cliniques, selon la règlementation qui entoure ces derniers.

Mais, pourquoi faire référence à des jumelles, direz-vous ?

Lorsqu’on parle de jumelles, on pense systématiquement au fait qu’elles soient nées d’une même grossesse. Intrigant pour plusieurs ! Dans le cas de Christine-Nadia et Mélodie, ce n’est pas une question de réplique physique ou morale.

Ensemble, elles forment un « instrument d’optique formé de deux lunettes identiques associées de façon à permettre la vision binoculaire » (Larousse) pour mener les essais cliniques à bon port. Leur rôle dans le créneau recherche de l’ISM est très varié. On peut tenter de le résumer comme suit : conception et gestion de plusieurs projets de recherche (échéanciers, budgets) de façon concomitante, révision de documents scientifiques, révision et préparation de documents liés aux demandes d’approbation au comité d’éthique, recrutement et suivi des participants à la recherche.

L’innovation, la planification et la résolution de problèmes techniques les aident à mettre en place et à maintenir des moyens sûrs pour l’amélioration et la coordination des essais cliniques à l’ISM et à Montfort.

Quel est le but premier du travail de ces professionnelles de recherche ?

Grâce au soutien indéniable de leur gestionnaire, Marie-Andrée Imbeault, et à l’encadrement de la haute direction de l’ISM, Christine-Nadia et Mélodie travaillent d’arrache-pied pour contribuer à l’avancement de la science. Toutes deux infirmières de profession, elles placent le patient au centre de leur travail, au quotidien. En étroite collaboration avec les cliniciens-chercheurs de Montfort, les coordonnatrices de recherche clinique se concentrent sans cesse sur l’amélioration des soins de santé à Montfort, au Canada et dans le monde.

Les chercheurs-cliniciens de Montfort, par leur passion et leur désir d’améliorer les soins offerts aux patients, sollicitent leur soutien pour mener à bon port leur recherche clinique. Ensemble, chercheurs cliniciens et coordonnatrices de recherche clinique forment une équipe solide et dédiée. Tout cela ne serait pas possible sans le personnel clinique des unités de soins, et l’équipe de la pharmacie pour nos essais cliniques pharmaceutiques.

Au cours des dernières années, l’équipe de recherche clinique a manœuvré avec brio plusieurs essais cliniques dans différentes spécialités, dont la cardiologie, la gastro-entérologie, la chirurgie, l’urgentologie, la santé mentale, la thrombose et évidemment sur la COVID-19.

De l’échelle locale, à internationale!

Les « jumelles » travaillent sur des essais cliniques locaux, initiés par les chercheurs cliniciens de la région tels qu’une étude portant sur la prise en charge de l’ischémie cérébrale transitoire (ICT). Selon l’investigateur principal du site, Dr Nicolas Chagnon, urgentologue à Montfort et chercheur-clinicien à l’ISM :

« Cette étude a permis de standardiser de façon significative la prise en charge médicale des patients avec ICTs dans la région. Les médecins sont beaucoup plus au courant des facteurs cliniques qui pointent vers un événement à plus “haut risque” et vont commander les tests appropriés (pour visualiser les artères qui irriguent le cerveau à la recherche de blocages) et prescrire la bonne thérapie (une combinaison d’antiplaquettaires). C’est un changement de pratique important qui s’est effectué au courant des dernières années, grâce à l’étude TIA (Transient Ischemic Attack). »

Christine-Nadia et Mélodie travaillent également sur des essais cliniques en provenance d’autres provinces et d’autres pays, comme l’essai clinique ATTACC (une thérapie antithrombotique pour contrer les complications des patients hospitalisés et atteints de la COVID-19). Cet essai clinique, ayant comme chercheur principal de site le Dr Marc Carrier, a prouvé son efficacité et sa sécurité pour les patients atteints de la forme modérée de la COVID-19. L’équipe de thrombose a d’ailleurs collaboré avec l’équipe de recherche clinique de l’ISM sur plusieurs projets.

Lorsqu’on demande au Dr Grégoire Le Gal, médecin spécialiste en thrombose et chercheur clinicien à Montfort, quelle importance la recherche clinique a pour lui et comment le soutien de l’équipe de recherche clinique de l’ISM l’aide dans l’élaboration de ses projets, il répond :

La recherche clinique fait partie intégrante des meilleurs soins aux patients.

Dr Grégoire Le Gal

« Quand le meilleur traitement ou la meilleure attitude diagnostique ne sont pas connus, pouvoir proposer au patient de répondre ensemble à la question en participant à une étude de recherche clinique est idéal. Nous avons la chance d’avoir à l’ISM une équipe de recherche clinique polyvalente, qui permet de prendre en charge la mise en place des projets, et le suivi des patients de A à Z dans le cadre des études. Pour un investigateur, c’est très confortable de pouvoir compter sur des personnes hautement qualifiées, disponibles, et de pouvoir mutualiser cette ressource avec toutes les équipes de Montfort ».

Mettre fin à la pandémie de COVID-19

Depuis le printemps 2020, tout comme dans plusieurs autres domaines, l’ISM-recherche cherche à contribuer à la fin de la pandémie et tente d’améliorer la santé de nos patients atteints de la COVID-19 en participant dans les essais cliniques provenant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Notre site participe présentement à deux essais cliniques pharmaceutiques portant sur la COVID-19

  1. Essai clinique sur l’innocuité et l’efficacité de traitements expérimentaux pour le traitement de la COVID-19 chez des patients hospitalisés (CATCO) (en conjonction avec l’essai « SOLIDARITY » d’urgence en santé publique de l’Organisation mondiale de la Santé)
  2. Essai clinique sur l’innocuité et l’efficacité de traitements expérimentaux pour le traitement de la COVID-19 chez des patients atteints d’infections nosocomiales (CATCO – NOS)

Dr Nicolas Chagnon est le chercheur principal du site ISM/Montfort pour ces deux études. Pour lui :

« La fin de la pandémie sera principalement atteinte grâce au déploiement des vaccins à la grandeur de la population mondiale, mais les études CATCO et CATCO-NOS font des contributions importantes dans notre connaissance des traitements médicaux qui aident – et de ceux qui n’aident pas – les patients qui se retrouvent hospitalisés des suites d’une infection au Sars-CoV-2, virus qui cause la COVID. Pour le moment, CATCO a surtout été une étude “négative”, c’est-à-dire qu’elle a su démontrer que plusieurs traitements sont inutiles et qu’il faut les cesser. D’autres molécules potentielles sont à l’étude en ce moment. »

Pouvons-nous dire que notre hôpital contribue de façon significative à l’amélioration des soins médicaux en rayonnant au-delà de ses murs physiques ? Certainement !

Le secret des jumelles

Tout cela semble bien sérieux ! Et si on revient à nos jumelles. Comment arrivent-elles à gérer le tout ? Elles utilisent différentes stratégies afin de se supporter lors de défis, de réussites ou d’échecs.

Elles partagent les petites et grandes joies, elles s’écoutent activement et se donnent des conseils; que ce soit en allant « squatter » dans le bureau de l’autre pour ventiler, en s’envoyant un petit texto rigolo, ou en faisant une petite promenade dans l’hôpital. Elles arrivent à planifier et à faire avancer les choses autour d’un bon déjeuner, ou d’une bonne tasse de café.

Outre le respect, la confiance, l’écoute et la quête d’excellence, c’est l’esprit d’équipe palpable qui fait des jumelles une équipe forte et productive.

Article rédigé par Christine-Nadia Compas et Mélodie Potvin