L’information transparente pour mieux comprendre la vaccination contre la grippe

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Article rédigé par Ivan Ivanov, Isaac Nahon-Serfaty et Dr Hugues Loemba 

La vaccination contre la grippe saisonnière est un enjeu de santé publique. Une équipe de recherche mixte de l’Université d’Ottawa, menée par Isaac Nahon-Serfaty, Ivan Ivanov et Dr Hugues Loemba, a travaillé depuis 2019 avec le personnel infirmier de l’Hôpital Montfort pour mieux comprendre leurs opinions et prédispositions sur la vaccination contre la grippe saisonnière et la COVID-19. Les résultats de cette collaboration ont démontré la nécessité de transmettre des informations transparentes et non ambiguës sur l’efficacité, mais aussi les dangers et les effets secondaires de la vaccination.

Isaac Nahon-Serfaty et Ivan Ivanov, les deux chercheurs de l’Université d’Ottawa impliqué dans ce projet de recherche avec Dr Hugues Loemba.

Si le célèbre adage « On ne peut pas ne pas communiquer » exprime justement le fait que la communication est fondamentale au milieu de travail, elle fait aussi allusion à l’importance de transmettre des informations justes et transparentes. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de sensibiliser le personnel hospitalier à la nécessité de se faire vacciner contre la grippe saisonnière et la COVID-19 afin de protéger ses proches, ses patients et soi-même.

Pour mener à bien les objectifs de ce projet, l’équipe de recherche mixte a décidé de travailler avec le personnel infirmier de l’Hôpital Montfort à cause de son importance et ses contacts fréquents et réguliers avec tous les autres membres du personnel.

Une étape initiale

La collaboration a débuté en 2019 grâce à une étude-pilote permettant d’entamer un dialogue avec les membres du personnel infirmier de l’hôpital et de les impliquer effectivement dans la formulation d’une stratégie de communication centrée sur l’importance de l’immunisation contre l’influenza. La démarche adoptée dès le début était fondamentalement participative.

L’équipe de recherche a organisé des groupes de discussion avec les infirmiers et infirmières cadres et de services et s’est concentré sur l’étude de leurs prédisposions et perceptions sur la vaccination ainsi que sur les freins et les obstacles ressentis pour se faire vacciner. Les premiers résultats, avant l’arrivée de la COVID-19, ont mis en lumière un scepticisme palpable sur l’efficacité et la sécurité du vaccin contre la grippe saisonnière, même auprès des personnes qui se sont fait vacciner.

Des opinions polarisées

Dr Hugues Loemba, virologue à Montfort, a également participé à ce projet de recherche.

Deux pôles d’opinions sur la vaccination ont ainsi émergé après cette première phase.

Le premier est représentatif des personnes qui reçoivent le vaccin, mais qui expriment des doutes sur l’efficacité de l’immunisation. Leur avis sur la vaccination peut se résumer en une phrase : « oui, je suis pour la vaccination, mais… ».

L’autre pôle est caractéristique des personnes qui décident de ne pas recevoir le vaccin et qui seraient prêtes à reconsidérer leur avis.

Entre ces deux pôles, il y a aussi les membres du personnel infirmier qui sont « pour » la vaccination et qui n’expriment pas de doutes sur le fait de recevoir le vaccin pour prévenir l’éclosion de la grippe ainsi que ceux qui sont « contre » la vaccination pour des raisons culturelles ou personnelles affichées comme des principes de vie.

Ces deux groupes sont pourtant plutôt minoritaires et dominés par les deux pôles majeurs.

La pandémie de COVID-19

Avec l’arrivée de la pandémie de COVID-19, le projet de recherche a été ajusté et des entretiens individuels additionnels en ligne avec le personnel infirmier ont été conduits. L’objectif était de mieux comprendre si la pandémie a modifié leurs opinions et prédispositions de se faire vacciner ou non ? Et si oui, comment ?

L’équipe de recherche a constaté que la pandémie n’a fait que renforcer les pôles d’opinion existants. Le premier pôle, ouvert à la vaccination, a affirmé que prendre le vaccin est plus nécessaire que jamais et que la vaccination contre la grippe saisonnière se justifie davantage dans le contexte de la COVID-19. Les personnes de l’autre pôle, sans véritable changement d’opinion, ont affirmé qu’elles ne prendraient pas non plus un éventuel vaccin contre la COVID-19. En revanche, ces personnes sont tout à fait disposées à recommander aux autres — membres de famille, collègues et patients — de se faire vacciner contre la grippe, car elles reconnaissent les avantages de la vaccination contre la COVID-19.

Informer pour mieux comprendre

Au-delà des différentes opinions et perceptions sur la vaccination antigrippale, le personnel infirmier a exprimé la nécessité de recevoir plus d’informations provenant de sources officielles. Les participants ont affirmé avoir lu et consulté des informations sur le Web et les réseaux sociaux qui véhiculaient des rumeurs et des informations erronées.

Ils ont souligné qu’expliquer de manière transparente que le vaccin peut avoir des effets secondaires et qu’il protège surtout contre les complications de la grippe est nécessaire.

Ceci permettrait de contrer les rumeurs et les fausses informations véhiculés sur les réseaux sociaux. Le personnel infirmier a considéré que c’est la seule manière de réduire la brèche de connaissances sur la vaccination grâce à la sensibilisation et la transparence. Même si dans les organisations « on ne peut pas ne pas communiquer », les informations les plus transparentes sont celles qui valent le plus.

Pour apprendre davantage sur les résultats de ce projet de recherche : journals.openedition.org/rfsic/9866


C’est justement le temps de recevoir votre vaccin contre la grippe! À Montfort, la campagne de vaccination a débuté le 25 octobre. Pour en savoir plus, visitez la page Soyons antigrippe, disponible au Portail Montfort. Le vaccin est également offert gratuitement dans de nombreuses pharmacies à Ottawa.