Lors de l’assemblée annuelle de l’Association de l’Hôpital Montfort, tenue le 15 juin 2022, Soeur Aline Leduc, qui est membre de la congrégation des Filles de la Sagesse, a fait ce témoignage sur les origines de notre hôpital.

Il me fait bien plaisir de présenter, au nom des Filles de la Sagesse, un court résumé d’un événement important qui s’est passé il y a de cela 75 ans, c’est-à-dire, les débuts de la construction d’un hôpital pour les Franco-Ontariens de la région d’Ottawa.

Pour commencer je m’inspire de ce que Mme Marie Josée Martel (NOTE: vice-présidente du conseil d’administration de l’Hôpital Montfort) disait dans sa lettre : « nous avons donné naissance à l’Hôpital Montfort et nous en sommes les mamans ». Belle expression qui vient avec beaucoup de don de soi et par le fait même, beaucoup de zèle et d’audace. Nous avons essayé d’être à la hauteur de ce mandat.

Quelle était l’intention profonde de la Congrégation lors de la fondation de l’hôpital ? Je vais brièvement essayer d’y répondre.

En 1947, un groupe d’homme d’affaires d’Eastview avec le Père Edmond Ducharme, père montfortain, forme un comité pour étudier la possibilité d’avoir un hôpital franco-ontarien pour desservir la population de l’est d’Ottawa ainsi que de l’est ontarien. Et ils se sont tournés vers nous pour réaliser leur rêve.

Pour ma part, j’ai un lien bien personnel puisque j’étais au noviciat pendant la construction de l’hôpital, et ma première visite a été d’aller faire du ménage, avec une quarantaine de mes compagnes novices et postulantes, en vue de l’ouverture officielle le 11 octobre 1953. Dès ma profession début février 1954, j’y arrivais et j’y suis demeurée pendant 15 années.

Dès le début de cette aventure, toutes les Sœurs de la Province du Canada étaient impliquées, soit par la prière ou par l’action. Le recrutement du personnel a touché nos communautés d’est en ouest du Canada. Nous sommes allées chercher les infirmières et techniciennes des hôpitaux que nous avions à Ste-Justine, Montréal, Val d’or et Mont-Joli au Québec; à Sturgeon Falls en Ontario et à Castor en Alberta. Les sœurs des services généraux, tels que la cuisine, la buanderie, l’entretien ménager provenaient également des établissements scolaires qui étaient les nôtres. Même nous, les Sœurs de l’admission, réception, téléphone, bureau d’affaires, archives, allions aider soit à la cuisine pour la préparation des plateaux, soit pour aider à faire manger les enfants en pédiatrie, ou autre. Toutes les Sœurs du Canada ont contribué au maximum de leurs capacités, avec dévouement et enthousiasme. 

Nous nous sentions partie prenante d’un grand projet commun et chacune a donné d’elle-même sans compter. Le 6e étage était notre lieu de résidence et jusqu’à 65 Sœurs ont vécu là au rythme de l’hôpital. En tout 144 Sœurs ont travaillé à Montfort durant les 17 années où nous avons opéré notre hôpital.

Les médecins et le personnel était jeune et tout aussi impliqués. Il y avait beaucoup d’entraide, de soutien et d’amitié entre nous tous, une grande famille …

À la suite de nos saints fondateurs, Saint Louis-Marie de Montfort et la bienheureuse Marie-Louise Trichet, qui ont œuvrés auprès des pauvres dans les hôpitaux de France, nous avons entendu l’appel et nous nous sommes mises en route sur leurs traces. Comme le disait le Père de Montfort dans un de ses cantiques : « Les pauvres et les perclus doivent vous toucher le plus. » C’est ce que nous appelons notre charisme, puisé dans notre spiritualité.

Le mot CARITAS est gravé dans le plancher de l’entrée principale originale depuis son ouverture et a été préservé même après les grandes rénovations et réorganisations. Ce mot, gravé également dans nos cœurs, signifie ‘amour de l’autre’. Il symbolise la philosophie de soins des fondatrices de l’hôpital. En effet, c’est avec respect, tendresse et compassion que les Filles de la Sagesses ont prodigué des soins aux malades dès l’ouverture de l’établissement. Elles incarnaient l’amour de l’autre par des gestes concrets de dévouement et de compassion pour atténuer la souffrance physique et spirituelle.

Et nous y sommes encore de façon différente bien sûr : Sœur Linda Joseph fait partie du Conseil de l’Association des bénévoles. Pour ma part, j’ai fait dix années de bénévolat et quand j’entrais à l’Hôpital pour mon bénévolat, c’était comme si j’entrais chez-moi comme je le faisais au début.

Nous sommes heureuses de constater qu’après tant d’années après nous, les mêmes valeurs sont encore véhiculées ici à Montfort.

Je reviens sur le fait d’avoir donné naissance à l’Hôpital Montfort. 

Quand on donne naissance à un enfant, il faut savoir laisser aller pour qu’il fasse sa vie, qu’il se développe, qu’il s’accomplisse. 

Comme une maman, un papa, nous comme Filles de la Sagesse, on s’intéresse encore, on accompagne par l’intérêt et par la prière surtout, ceux et celles qui ont pris la relève. Le sort de l’Hôpital Montfort nous tient toujours à cœur. À plus forte raison pendant ce temps de pandémie avec ces nombreux défis. Vive Montfort ! Longue vie à Montfort !