Quand Meghan Campeau a entendu son nom être annoncé à l’IDEAL en juin dernier, l’émotion l’a submergée. Déjà nominée l’année précédente, la gestionnaire clinique du 5C ne s’attendait pas à remporter le prix Naos, une distinction qui souligne les leaders capables de mobiliser leurs collègues et de transformer Montfort de l’intérieur. 

Recevoir cette reconnaissance devant tous mes collègues, c’était à la fois intimidant et incroyablement touchant

confie Meghan.

Quand le triathlon mène à la nutrition 

Avant de superviser une centaine d’employés, Meghan portait le maillot de l’équipe canadienne de triathlon.

Pendant près de quinze ans, cette athlète de haut niveau a enchaîné les compétitions et les heures d’entraînement, découvrant le rôle central de la nutrition sportive. « J’ai toujours été passionnée par la santé. Le fait d’avoir une nutritionniste qui me suivait pour le sport, ça a tout déclenché. » 

Cette passion la conduit à entreprendre des études en nutrition, dont elle sort diplômée en 2016, complétées par une maîtrise en sciences de la santé. L’année suivante, elle commence sa carrière à Montfort comme diététiste. L’ascension est rapide : cheffe d’équipe, puis coordonnatrice des stages. Mais c’est vraiment la gestion qui l’appelle. En 2022, après son dernier congé de maternité, elle prend les rênes du 5C. 

Ce fut l’une des meilleures décisions de ma vie.

Le 5C : une unité qui pulse au rythme de la chirurgie 

Avec ses 44 lits, l’unité du 5C accueille les patients de chirurgie dans toute leur diversité : orthopédie, chirurgie générale, ORL, urologie et gynécologie. Certains arrivent de l’urgence en attente d’intervention, d’autres viennent d’être opérés et nécessitent une hospitalisation.  

Tout va très vite ici, c’est une unité dynamique qui bouge beaucoup. Le statut quo, ce n’est pas pour moi. Je déteste la routine.
Je suis une fille d’action, qui carbure aux changements alors je me sens tout à fait dans mon élément à l’unité 

mentionne Meghan.

Des matinées sur le terrain, des après-midis stratégiques 

Meghan dans son bureau, lors d’une tournée avec un employé.

La journée de Meghan débute vers huit heures avec ce qu’elle considère comme l’essentiel : le contact humain. Elle fait le tour de l’unité pour saluer chacun, prendre le pouls des quarts de travail, discuter avec sa facilitatrice de soins.
À neuf heures, c’est la rencontre d’équipe pour orchestrer le ballet quotidien des admissions et des départs. S’enchaînent ensuite les visites auprès des patients et du personnel, ponctuées par les cercles de qualité. « La majorité de ma matinée est consacrée au terrain », explique-t-elle. 

L’après-midi adopte une cadence différente. La porte du bureau se referme pour laisser place au volet stratégique : travail administratif, réunions de gestion, suivi des finances. Deux univers complémentaires qui permettent à Meghan de garder un pied dans l’action clinique tout en pilotant la vision d’ensemble de son unité. 

Quand la créativité devient un outil de gestion 

Demandez à Meghan ce qui la motive, et elle vous parlera d’abord de relations humaines. « Tu es comme un capitaine de bateau qui guide son équipe vers un objectif commun que l’on détermine ensemble. » Voir des étudiants devenir externes, puis aides-soignants, puis infirmières, et parfois même responsables, voilà ce qui l’enchante. 

Mais Meghan ne se contente pas des méthodes traditionnelles. « Je suis quelqu’un qui n’hésite pas à essayer de nouvelles choses. » Chasses au trésor, jeux interactifs, activités thématiques, elle multiplie les initiatives pour rendre le quotidien plus agréable. 

L’Halloween 2024 en est le parfait exemple. Arrivée tôt, déguisée en patiente avec perruque, jaquette d’hôpital et perche à soluté, elle a débarqué au poste des infirmières avec des sacs de bonbons. « Tout le monde discutait, puis ils se sont retournés en se demandant qui était cette patiente inconnue. » Quand la surprise s’est dissipée, les rires ont éclaté et toute l’équipe a fini par se joindre à la fête. « Maintenant, ils attendent de voir ce que je vais inventer les prochaines années ». 

Meghan, au centre, déguisée en patiente pour l’Halloween 2024, entourée de son équipe.

D’une crise à un modèle de stabilité 

Mais derrière ces moments ludiques se cache une transformation profonde. À son arrivée en 2022, Meghan hérite d’une situation critique : pic pandémique, 30 % de roulement du personnel, la moitié des postes infirmiers à pourvoir. 

Et le défi est de taille, elle prend en charge la coordination d’une équipe multidisciplinaire où la majorité des membres sont des infirmières. Meghan l’a transformée en atout.

Quand je suis arrivée, j’ai fait beaucoup de shadowing. Je voulais comprendre la réalité, les enjeux, la routine de travail avec différents employés à différents postes.

Elle participe aux orientations, pose des questions, refuse de rester dans son bureau. « Les employés étaient très heureux que je m’intéresse ainsi à leur réalité. » Résultat ? « Même si je n’ai pas de formation en soins infirmiers, ma curiosité et mon grand intérêt pour l’apprentissage mon permis d’acquérir toutes les compétences nécessaires pour accomplir mon poste et bien supporter mon équipe. » 

Cette approche basée sur l’écoute guide toutes ses initiatives : « J’ai écouté mes employés et on a mis plein d’initiatives en place. » Parmi celles-ci, on peut citer la rénovation complète de la salle des employés avec de grands fauteuils pour se reposer, l’implantation des horaires de douze heures réclamés depuis longtemps, la création de lignes du lundi au vendredi pour les employés seniors, ainsi qu’une flexibilité maximale pour les échanges entre collègues.

Elle va plus loin avec un projet post-Agrément Canada centré sur six objectifs co-construits avec l’équipe pour alléger la charge de travail et améliorer l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. « C’est eux qui m’ont dit ce qui comptait vraiment. Je les implique dans tout et c’est ce qui fait la différence pour l’équipe. » 

Si les employés sont heureux, les patients le seront aussi et recevront de meilleurs soins.

Les chiffres témoignent de cette révolution silencieuse : le taux de roulement plafonne maintenant entre 1,3 et 1,5 %, parmi les meilleurs pour une unité non spécialisée. « Voir mon taux de roulement se stabiliser depuis plusieurs mois, c’est une belle tape dans le dos. » 

Une énergie sans limite 

Meghan, lors de l’un de ses nombreux défis sportifs

Le prix Astéria — Naos récompense le leadership remarquable et la capacité à mobiliser ses pairs, et en Meghan, le jury a reconnu l’incarnation parfaite de ces qualités : sa vision, son écoute et sa créativité ont transformé le modèle de soins au 5C, renforçant l’organisation, la collaboration interdisciplinaire et la satisfaction de l’équipe. 

Dans sa vie personnelle, elle n’a rien perdu de son esprit d’athlète : power yoga en hiver, CrossFit toute l’année, deux demi‑marathons au printemps dernier et vélo de route l’été. Cette énergie, qu’elle puise dans ses passions et le plein air, nourrit sa capacité à maintenir le rythme intense de son travail et à inspirer son équipe. 

Authentique, créative et profondément humaine, Meghan a prouvé qu’écouter vraiment, oser l’inhabituel et placer les gens au centre peut transformer radicalement une organisation. Avec elle à la barre, le 5C navigue avec confiance, porté par la passion, l’innovation et la cohésion de son équipe.

Alexandra Fabre
Alexandra est agente de communication à Montfort depuis septembre 2023. Lorsqu'elle n'écrit pas pour le Journal Montfort, elle est probablement en train de rêver et de planifier ses prochaines vacances, ou de soutenir ses équipes sportives préférées.