Dr Hugues Loemba… en Afrique

4483

Représentant de Montfort à l’international, Dr Hugues Loemba nous parle d’un projet qu’il a mené dernièrement en Afrique.

« Depuis quelques années, je collabore avec la Fondation Marie Madeleine Gombes dans la ville de Pointe-Noire et la région du Kouilou (au Congo-Brazzaville). Cette fondation, créée en 2007, mène des activités auprès des populations vulnérables, des enfants et des personnes du troisième âge, en particulier pour l’assistance médicale et humanitaire.

Récemment, j’ai assisté et aidé cette fondation à mettre en place un Centre médical comprenant un laboratoire de diagnostic moléculaire pour assurer le diagnostic et le suivi de plusieurs maladies infectieuses, particulièrement le VIH-SIDA et les comorbidités.

La Fondation a nommé le laboratoire HDL, selon les initiales de Dr Hugues Dieudonné Loemba, afin de pérenniser sa contribution dans le développement de ce laboratoire au Congo-Brazzaville.

Dr Loemba à l'extérieur du laboratoire
Dr Loemba à l’extérieur du laboratoire

J’ai décidé d’appuyer cette fondation, entre autres raisons, parce que j’ai été interpellé par le manque de tests virologiques et bactériologiques pour le diagnostic et le suivi de plusieurs maladies infectieuses et tropicales, ce qui pourrait aider les médecins et le personnel soignant dans leurs décisions thérapeutiques. J’ai aussi souhaité aider puisque c’est dans ma région natale du sud du Congo. Par ailleurs, j’étais aussi animé par le soucis de disposer sur place d’un outil de suivi biologique et microbiologique pour la bonne prise en charge des infections afin de limiter la propagation potentielle de souches microbiennes ou virologiques résistantes au traitement.

Le nouveau laboratoire offre des tests spécifiques à très faible coût afin d’améliorer l’accès aux populations pauvres et à la classe moyenne. Pour l’instant, c’est le seul laboratoire en République du Congo à fournir la charge virale VIH, la charge virale VHC (hépatite C) et la charge virale HBV (hépatite B).

Lors d’une conférence sur le SIDA à Cape Town, en Afrique du Sud, j’avais eu la chance de rencontrer les représentants d’une firme sud-africaine spécialisée dans la construction de laboratoire diagnostic et de modules mobiles alimentés en électricité à l’aide de panneaux solaires.

C’est de là que m’est venue l’idée de proposer un laboratoire de diagnostic pour les maladies infectieuses dans le centre médical que cette fondation souhaitait installer à Pointe-Noire. L’utilisation de l’énergie solaire évite de griller les appareils à cause des coupures de courant très fréquentes dans la ville.

J’ai travaillé sur ce projet tout en étant au Canada et en faisant quelques voyages sur le terrain en Afrique. Dans un premier temps, j’ai profité de mes vacances à Pointe-Noire au Congo pour discuter avec les responsables de cette fondation et planifier la manière dont on allait procéder, y compris une planification budgétaire, l’étude du marché, et la réflexion sur la gamme des appareils, des tests et réactifs à acquérir.

Le laboratoire HDL
Le laboratoire HDL

Étant donné qu’il faut parfois manipuler parfois des échantillons biologiques ayant des agents infectieux dangereux comme le VIH et le germe de la tuberculose, j’ai demandé au constructeur qu’il y ait aussi une chambre de laboratoire à pression négative (P3), c’est-à-dire un niveau 3 de confinement en biosécurité permettant de travailler en toute sécurité avec ces agents infectieux dangereux.

Ainsi, la pièce de ce laboratoire munie du niveau de confinement 3 ou P3 convient à la manipulation des agents pathogènes qui sont potentiellement transmissibles par voie aérienne, et souvent à une dose infectieuse faible, mais suffisante pour provoquer une maladie grave, voire mortelle. C’est pourquoi on doit utiliser des barrières primaires et secondaires additionnelles (ex. : protection respiratoire appropriée, des filtres HEPA pour traiter l’air évacué du laboratoire et un accès strictement contrôlé au laboratoire) afin de limiter la libération d’organismes infectieux en laboratoire et dans l’environnement. Le niveau de biosécurité supérieure au P3 c’est le niveau P4, c’est-à-dire le niveau de bio-confinement le plus élevé pour la personne et pour la collectivité et ceci concerne la manipulation des virus encore plus dangereux, tel que le Virus Ebola et Virus Lassa.

L'intérieur du laboratoire
L’intérieur du laboratoire

D’après le constructeur de ce laboratoire, ce serait la première fois au monde qu’une chambre à pression négative est installée dans un laboratoire alimenté uniquement avec des panneaux solaires; en général, les labo P3 sont toujours dans des bâtiments alimentés par le courant électrique traditionnel.

Depuis un an et demi, l’ensemble du laboratoire est fonctionnel et alimenté par des panneaux solaires. Ce laboratoire a été très bien reçu par la communauté locale et le personnel médical. Le lancement a été fait en juillet 2016, devant les représentants de la communauté médicale du pays, les autorités ministérielles et régionales, y compris les médias.

Dr Loemba à l'intérieur du laboratoire
Dr Loemba à l’intérieur du laboratoire

La réalisation de ce projet me donne le sentiment d’avoir été utile et d’avoir fait quelque chose de bien pour les populations de ma ville natale de Pointe-Noire. J’ai voulu partager mes connaissances pour contribuer à l’amélioration du diagnostic infectieux et l’accessibilité des soins à ces populations locales en leur fournissant des tests rapides utiles, bon marché et de qualité.

Par exemple, tout récemment, nous avons lancé une alerte locale sur des niveaux élevés de prévalence de tuberculose multirésistante, et sur la nécessité de se procurer des antituberculeux de deuxième ligne, compte tenu de la détection d’un grand nombre d’échantillons de tuberculose résistante dépistée dans ce laboratoire.

Ce projet est aussi un moyen de collaboration scientifique et de stages pour nos étudiants et résidents canadiens. Ce laboratoire de pointe représente un point focal qui pourrait nous permettre de réaliser des projets de collaboration en recherche clinique, épidémiologique et biologique sur plusieurs maladies et infections qui peuvent avoir un jour des conséquences chez nous ici au Canada, y compris à Montfort.

Avec les voyages, le processus de globalisation des échanges, la propagation des maladies, il est opportun que Montfort appuie des projets à l’international afin de renforcer son statut d’hôpital universitaire et son prestige international, et qu’il contribue aux échanges scientifiques et humanitaires. »

Dr Loemba est présentement en voyage en Afrique pour un projet de recherche clinique sur le dépistage rapide du VIH-SIDA.


Rappelons qu’en février 2018, une équipe bénévole composée de médecins, de chirurgiens, d’infirmières, d’employés et d’étudiants de Montfort, a lancé Santé Mondiale Montfort. Ce groupe d’individus s’intéresse et s’implique pour développer la présence de notre hôpital au niveau mondial.

Dre Chomienne au lancement de Santé Mondiale Montfort
Dre Chomienne au lancement de Santé Mondiale Montfort

 


Vous avez aimé cet article? Lisez l’article Montfort se mondialise!, paru en février 2018.

 

Gabrièle Caza-Levert
Gabrièle est conseillère avec l'équipe des communications à Montfort depuis 2013. Quand elle n'est pas en train d'écrire pour le Journal Montfort, vous pourrez surement la retrouver sur un terrain de volleyball, dans la cuisine avec ses filles, à une réunion de famille/d'amis ou en chemin vers sa prochaine escapade.